Au secours ma moitié est bigorexique !
Comment ça, chers lecteurs-runners, vous ne savez pas ce qu’est la bigorexie ?
Hier matin je buvais tranquillement mon café au moment où un tweet d’Olivia m’interpelle… Ni une ni deux je me jette sur les podcasts de la radio.
Ecoutez donc ce petit extrait audio diffusé le mercredi 18 septembre sur Europe 1 dans l’émission matinale de Thomas Sotto Europe Matin:
Eh ben voilà ! Coureurs et coureuses vous ne pourrez plus dire : « Je ne suis pas au courant ! ». Vous ne le savez peut-être pas non plus mais votre conjoint à l’écoute de ce sujet, à sûrement, en douce, déjà contacté TF1 et son armada de psychologues pour vous désenvouter. Il est aujourd’hui temps de soigner cette lubie qui nuit à votre entourage. Courir autant mais quelle idée ! « Bienvenue dans Confessions Intimes spécial running. Aujourd’hui vous allez découvrir le quotidien insupportable de ces familles de coureurs. Vous entendrez le témoignage de Simone. / Simone : – Ben oui mon mari aime ses chaussures de running plus que moi ! Je sais plus quoi faire ! »
Oui vous chaussez vos baskets le matin. J’en suis fort aise. Mais ne venez pas vous plaindre si l’on vous montre du doigt dans la rue. Si vos compatriotes ventripotents bien heureux d’avoir trouvé là nouveau sujet de raillerie, vous jettent des parpaings en vous conspuant et vous traitant de « biganorexique ». Oui « biganorexique » car le compatriote bedonnant a entendu ce terme à la radio vite fait en se brossant les dents le matin pas très réveillé et en se grattant les fesses. Face à son miroir lui renvoyant une image pas très glorieuse, il a poussé un long gloussement moqueur à demi étouffé par sa brosse à dents propulsant de la mousse de dentifrice alentours. « Tous ces gens qui se lèvent dès potron-minet pour aller courir sont des malades. » a-t-il pensé. Oui des malades ! Le mot est lâché.
Il n’est pas dit non plus qu’un journaliste, ne vous apostrophe pas en vous tendant son micro pour une interview relative à votre passion, comme cette pauvre Stéphanie entendue dans ce sujet. « – Vous inquiétez pas, c’est pour un sujet sur les passionnés de running ! » vous dira-t-il avec son plus beau sourire. Naïf, vous lui accordez un peu de temps sur votre séance de seuil matinale. Tout ça pour découvrir en vous rendant au travail après une bonne douche que vous passez pour le pauvre runner accro/drogué. Vous savez celui qui, s’il ne fait pas sa séance matinale, devient agressif, frappe femme et enfants et refuse tout lien social tant qu’il n’a pas eu sa dose. Eh oui, selon Anne Le Gall, spécialiste santé sur Europe 1, tous les sportifs qu’elle croise le matin en allant au boulot sont des bigorexiques, des malades. Le mot est lâché une seconde fois.
C’en est trop. Vous commencez à avoir des doutes, vous vous dîtes qu’il est peut-être temps d’aller consulter. Il parait que les bigorexiques sont des dizaines de milliers à s’ignorer. Vous allez sonner chez votre médecin-traitant qui vous reçoit les yeux écarquillés quand vous lui annoncez « – Docteur, je cours 4-5 fois par semaine, suis-je un malade psychologique ? ». Il vous répondra que non, que vous êtes en parfaite santé, que c’est très bien de faire du sport et que vous êtes bien gentil mais qu’il a des malades aux cas bien plus graves qui patientent en salle d’attente. Soulagé vous sortez du cabinet et pensez déjà à votre prochain morning run. Et si vous croisez un spécialiste santé ou un journaliste qui vous tend un micro, vous lui mettrez un joli vent, car oui tous les runners matinaux ne sont pas des malades. Même s’ils courent une heure et demi…
C’est fou comme parfois ça peut foutre les j’tons d’écouter la radio.
RodRunner
Ahah j’adore ! Très bel article !
Je n’ai pas encore eu le temps d’écouter le podcast mais merci pour le lien, j’ai hâte d’entendre ça !
En tout cas, franchement, si je suis bigorexique eh ben … je suis rudement fière de l’être ! Na !
Merci Charlotte ! Toi tu es surtout une runneuse du tonnerre ! 🙂
Alors, pour faire écho à ce petit échange sur Twitter, je suis assez mal à l’aise avec les réactions virulentes que génère ce style d’articles de presse ou autres podcasts.
La bigorexie existe bel et bien, certains sont vraiment accros et leur vie en pâti. Bien entendu, ce n’est qu’une minorité. Mais quand je vois les gens sur les réseaux sociaux crier à tord et à travers qu’ils sont « running addict » utilisant donc les termes relayés par les médias … Et qui ensuite s’insurgent, je suis un peu déboussolée ! Je lis des gens dire « j’ai couru, c’était trop bon » comme s’ils venaient de prendre leur shoot de cocaïne et tout le monde renchéri avec une petite blague complice.
J’imagine le proche du vrai bigorexique lire ça, j’imagine son malaise.
Donc bon … voilà. Comme souvent, les médias en font trop, s’engouffrent dans une tendance. Ils vont tous faire leur article sur le sujet et basta.
Mais pour autant, les réactions sont, je trouve, vraiment démesurées. Comme si tout le monde sentait la part de vérité de ce phénomène sans vouloir se l’avouer. Alors on le tourne en dérision, pour se rassurer …
Coucou Manue.
Tout d’abord merci de ton commentaire. Je peux comprendre ton malaise vis à vis de ce « Addict phénomène ». Il est important de preciser que je ne prends pas en dérision la maladie en tant que telle mais l’angle de ce sujet de 2mn placé entre le fromage et le dessert. Les médias ici n’en font pas trop, ils en font justement pas assez en surfant sur l’actu, sur ce sujet tendance qu’est le running à l’approche de grands rdv à l’engouement populaire grandissant tels le Paris-Versailles, le marseille-cassis ou encore le marathon de Paris… Une actu où justement on aurait prendre pour sujet les prix pratiqués par les organisateurs. Ca ca se traite en 2minutes.
Ce qui m’a fait bondir dans ce sujet c’est « j’ai croisé plein de bigorexiques ce matin en venant » et la conclusion « Ca s’attrape la bigorexie? ». Un peu léger de la part d’une spécialiste santé tu trouves pas pour un sujet qui mériterait un peu plus de fond et de sérieux dans son approche ?
La maladie existe on est bien d’accord et ce n’est pas elle que je tourne en dérision.
Pour finir, par exemple on n’a toujours pas donné de nom à la dépendance des fumeurs qui en plus d’être des victimes, mettent leur santé et celle de leur entourage bien plus en danger. Et eux ne sont pour autant pas désignés clairement comme malades bien que dépendants et acccro à la clope.
Cet édito d’Europe 1 ne me pose pas vraiment de problème… la bigorexie est une addiction qui existe bel et bien alors pourquoi ne pas en parler ? Il est vrai que la journaliste est un peu à côté de son sujet en taxant les runners matinaux de bigorexiques, courir très tôt fait-il du runner un bigorexique ? je ne le pense pas, tout dépend des possibilités de chacun.
Sinon les infos du reportage me paraissent exactes, je ne me sens pas particulièrement concernée par ce phénomène. Je peux encore m’arrêter de courir pendant plusieurs jours sans me sentir trop frustrée, je ne met pas ma santé en péril, si je suis blessée, je m’arrête de courir.
D’une manière générale je ne trouve pas « sexy » ni cool de se revendiquer comme un addict du running, le mot me dérange.
Salut Eve et merci de ton commentaire. Oui la bigorexie existe bel et bien et ce billet n’a pour d’autres ambitions que de railler l’approche un peu « discussion de comptoir » et « faisons de tous les runners matinaux des bigorexiques ». Mais ils en ont parlé c’est déjà ça et les infos données sont bien entendu exactes. La bigorexie EST une maladie qui mériterait un meilleur traitement journalistique à mes yeux sans le sous-jacent « sujet tendance running ». Car c’est bien de cela qu’il s’agit ici. Le runner est le sujet médiatique, le sujet porteur de ce 2 minutes.
Merci pour ce bel article plein de bonne humeur et de second degré
et Let’s run 🙂
Merci Mary ! 🙂 Comment ça va ton poignet et ton épaule au fait ? Mieux j’espère? 😉
Salut RodRunner, sympas ton billet.
Cela fait seulement 6 mois que je me suis remis à courir ( 3 fois/semaine), et maintenant 2 semaines que je n’ai pas couru à cause d’un petit pépin physique au pied. Il n’est pas faux que j’attends avec impatience de reprendre (dans une semaine), mais de là a dire que je suis malade… Je me bidonne !!!
Donc merci pour ce petit moment d’humour bien sympathique auquel je repenserais certainement leur de ma petite sortie longue de reprise dimanche prochain, au petit matin !
Sur ce, bonne foulées à toi et à tous les runners plus ou moins « bigorexiques » de la planète ! 😉
Merci ! Tu sais moi ca va faire à peine un an que je m’y suis mis sérieusement. Je suis tout comme toi un jeune runner. 🙂
En tout cas je te souhaite un bon rétablissement, une bonne reprise et un max de plaisir dans tes runs !
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